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Catastrophes climatiques
sur Clerval

Intempéries, pluies, crues, sécheresses, gel, neige, orages, tempêtes …


par Gérard Blanc

..........Je vous propose ci-dessous quelques notes extraites de mes recherches sur le temps qu'il a fait dans le passé à Clerval et les environs.
 
Les soucis des vignerons et des paysans ..................
.........Clerval était autrefois un pays de vignerons. Toutes les pentes étaient plantées de vignes, même celles qui n'étaient pas bien exposées au soleil. La Lauchère (lotissement actuel), La Craie (coteau au-dessus du stade), Sur les Murs (pente de la Côte d'Armont au-dessus de la vieille ville) étaient de bons vignobles, mais on cultivait aussi les pentes de Montfort comme La Vesselotte, le Coteau Gauchin et Pouligney (ces pentes aujourd'hui boisées sont situées derrière la gare, et donnent sur la rue Léonel de Moustier) orientées à la bise. Les vignerons clervalois étaient fréquemment victimes du gel, de la grêle ou d'autres calamités qui réduisaient à néant leurs vendanges. Comme leurs collègues cultivateurs, ils se plaignaient donc souvent aux autorités (en exagérant leurs pertes, bien entendu !) pour obtenir des dégrèvements d'impôts, de taxes ou d'autres compensations. C'est pour cette raison que l'on retrouve dans les archives de Clerval de nombreux témoignages sur les aléas climatiques :
  * "En août 1620, des multitudes de chenilles apparaissent partout dans la région et dévorent tous les choux des jardins".

* "Le temps de l'année 1707 est idéal pour les cultures. Les récoltes et les vendanges sont très abondantes".

* Deux ans plus tard, l'hiver est très rude. Les vignes ont toutes gelé. Même les noyers ont gelé. Il y a très peu de blé et d'avoine. Conséquence immédiate : tous les prix montent. Les pauvres gens ont faim.

* "A Clerval le 8 mai 1723 sur le matin, une violente froideur a entièrement perdu la moitié des vignes de la Craie environ 200 ouvrées (9 hectares) avec celle de la côte de la Lauchère de la contenance de cent ouvrées. Huit jours après une nuée de grêle s'est abattue sur ces coteaux et celui de Gauchin de la contenance de 50 ouvrées (environ 2 hectares)".

* "En1737 Pour atténuer les pertes causées par la grêle, on accorde aux vignerons bourgeois de Clerval, la jouissance d’un communal lieu dit à la Plénoise, pour 4 ans."

* En 1741. Un violent orage de grêle cause des dégâts à Clerval.

* "Dans la nuit du 6 au 7 mai1753 presque toutes les vignes de Clerval sont détruites par la gelée."

* "Le 20 juillet 1757 un violent orage de grêle ravage une partie des vignes et des blés de la région de Clerval."

........Orages et inondations
.....Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1735 un orage éclate sur Clerval. Il est accompagné de vents si violents que de nombreuses maisons du village sont décapitées. Leurs toitures sont arrachées, leurs charpentes jetées au sol. Les dégâts furent si grands que la municipalité autorisa les habitants sinistrés à couper les arbres nécessaires dans les forêts pour reconstruire les toitures des maisons.

....."De violents orages les 5 et 6 septembre 1831 amènent une crue du Doubs des plus importantes. Le niveau atteint par la rivière dépassera celui des hautes eaux de 1789. De grandes quantités de regains sont emportées par les eaux entre Clerval et Besançon ; c'est dans cette partie de son cours que la rivière causera les plus grands dégâts.
On est d'autant plus surpris par cette inondation qu'elle se produit en une saison où, d'ordinaire les eaux sont toujours basses. "

....."A Soye le 13 août 1833, la foudre tombe sur le troupeau d'une pauvre femme, bergère de la commune : 26 moutons et une truie sont foudroyés par l'éclair. La malheureuse bergère elle-même se trouve mutilée de façon pitoyable.
Sur la proposition du préfet du Doubs, le gouvernement accorde un secours de 300 francs à la bergère."

....."Le samedi 18 septembre 1852, Clerval a eu à subir une inondation, comme il ne s'en était pas produit de mémoire d'homme. Les eaux couvrirent toute la partie basse de la ville et entrèrent par le seuil de la maison du greffier Perron ; elles atteignirent à 15 centimètres près, le haut du pansoir de la fenêtre du salon du notaire Barberet ; il y avait au bas de la rue du pont, 1 mètre et demi d'eau. Les pertes sont considérables. "

....."Le 8 juin 1953, un orage très violent s’est abattu sur la région En début d’après-midi le temps tourne brusquement à l’orage. Vers 15 h, il fait pratiquement nuit, la foudre tombe, l’électricité est coupée…Il grêle … Durant des heures des trombes d’eau s’abattent et l’orage continue, les rues sont transformées en torrents. L’eau monte, les sources gonflent, les caves et les rues sont inondées.
A 21 h le ciel se calme, mais la pluie tombe en continu. Le lendemain c’est le désastre. Les rues sont sous les eaux. Il pleut toujours. Trois jours après il pleut encore. Le Doubs avait envahi toutes les villes et les villages construits sur ses rives."

Les terribles conséquences des sécheresses

La sécheresse et l'incendie de 1615

....."En 1615 depuis Pâques jusqu'à la mi-septembre il ne tombe pas une goutte d'eau sur la région. Les sources, les ruisseaux sont à sec. Le niveau du Doubs est au plus bas. Les moulins de Clerval, de Pompierre et d'ailleurs ne peuvent plus tourner faute d'eau pour actionner leurs roues. Conséquence : on ne peut pas moudre le blé et il n'y a donc plus de farine pour faire le pain pendant presque 6 mois. Autre conséquence, tout est archi-sec, dans les forêts, les champs comme dans les villes et villages

.....Le 13 septembre 1615 à Clerval, un tas de poudre préparé pour un concours de tir au fusil qui a lieu le lendemain, s'enflamme à la suite d'une maladresse. Le feu s'étend très rapidement à toute la maison, puis à tout le quartier. Finalement la ville de Clerval brûle entièrement. Les habitants alertés, ont le temps de quitter leurs maisons, mais il n'y a pas d'eau aux fontaines pour tenter d'éteindre les incendies. Il faut faire une très longue chaîne avec des seaux depuis la rivière.
.....Le feu se propage très vite, car de nombreuses maisons sont encore couvertes de tuiles en bois (ancelles), quelques-unes de chaume, et d'autres ont des murs à colombages (avec poutres apparentes comme en Alsace). A l'intérieur de la ville il y a une vingtaine de fermes avec leurs granges pleines de pailles et de foin bien sec …
.....Clerval est alors un immense brasier qu'il est impossible d'approcher tant la chaleur est intense. Seule l'école, l'église et une moitié du château seront sauvées, ces deux derniers édifices étant situés tous deux au bord de la rivière. .....Quelques jours plus tard la pluie se décide enfin à tomber."

La sécheresse de 1865

...." En 1865, du 2 avril au 29 juin, il y a eu très grande sécheresse, car il n'est tombé que quelques averses insignifiantes ; mais cette année là, la vigne n'avait pas été gelée et la richesse des vendanges compensait la pauvreté des moissons".


Grands froids et tempêtes de neige

...."L'hiver 1870-1871 a été l'un des plus rudes du siècle. Durant une tempête de neige un facteur s'était même perdu entre Pompierre et Clerval. L'hiver a encore été marqué par une épidémie du bétail. Puis un ouragan a abattu de nombreux arbres. Et le 23 août des trombes d'eau ont rendu les chemins impraticables. Des réparations provisoires sont faites d'urgence pour rétablir la circulation des charrettes et autres carrioles.

"La guerre fait rage dans la région de Clerval durant cet hiver terrible. Mal vêtus, mal chaussés, obligés d'attendre des heures dans le froid, des dizaines de soldats français mourront et des centaines auront des membres gelés. Le 11 novembre 1870, poursuivi par l'armée prussienne, les Français font sauter derrière eux un pilier du pont de Clerval. Mais cela ne retarde pas l'ennemi qui traverse avec ses chevaux et ses canons sur le Doubs gelé."

...."Le 16 mai 1880. La grêle tombe à Clerval mais sans grand dommage, mais le 20 du même mois, il a gelé si fort que tout a été perdu. Il n'y a pas eu un seul pied de vigne intact."

Voilà une coupure d'article de journal retrouvée sans sa date de parution, mais qui doit dater des années 1950 :

"Les vieux avaient raison lorsqu'ils annonçaient la possibilité de patiner sur le Doubs si le froid persistait. Au lieudit "les Tanneries" à Clerval, une magnifique patinoire d'environ 500 mètres de long sur 30 mètres de large s'est formée.

C'est Mlle Marie-Claire Corneille qui, la première, s'aventura prudemment sur la couche, la sondant du pied d'abord, de cailloux ensuite, pour finalement glisser agréablement d'une rive à l'autre de l'île.

Le signal de la débandade était donné. Un grand nombre d'enfants et de grandes personnes s'en donnèrent à cœur joie, traçants de folles arabesques sur la solide couche de glace. "

Et voici enfin un article du journal la République du 2 février 1954.
A la une de ce journal, un gros titre :

Le Froid sévit avec une intensité terrible sur toute l'Europe

On signale des morts et d'innombrables accidents.

A Clerval : moins 21 °C

......Hier matin, le thermomètre a enregistré 21 au-dessous de zéro à Clerval, le Doubs a gelé sur presque toute sa largeur durant la nuit.

La route de Santoche à Pompierre est coupée à la circulation par plus de 2 mètres de neige accumulée dans la nuit. Celle de Clerval à Soye était également coupée ce matin. Des voitures qui essayèrent de passer restèrent en panne plusieurs heures. Le service des Ponts et Chaussées creusa de véritable barrage pour dégager la route.

Le car Peugeot, de Pompierre, n'a pu assurer le service et les ouvriers ont du prendre le train. Un camion de transport appartenant à la maison Geliot a dérapé et versé dans un fossé. Il faudra sans doute le service de dépannage pour le sortir de son incommode position.

.......Si vous possédez des documents anciens, articles de journaux, manuscrits, journal intime, lettres ou même correspondances au dos d'une carte postale qui évoquent le beau ou le mauvais temps dans la région de Clerval, soyez assez aimables de nous les communiquer. Merci

(les photos nous intéressent également : neige, crues, rivière gelée... à Clerval)

Adresse : Gérard Blanc, 15 rue de Moustier, 25340 Clerval. ou par Internet : Cliquez-ici