........Dans
les années 1500 à 1600, quelques femmes de
Clerval et des environs ont été accusées
dêtre des sorcières. Elles furent
arrêtées, interrogées, jugées et condamnées
à être brûlées. On les accusait de rendre
malades les habitants ou leurs animaux, ou de
provoquer des calamités sur le village et les
cultures, comme la grêle, la tempête ou
lorage, par exemple. Pour
leur faire avouer quelles étaient
sorcières, les juges utilisaient souvent la
torture. Ces pauvres femmes emprisonnées et
martyrisées finissaient toujours par avouer.
Cétait pour elles la seule façon de faire
cesser leurs souffrances. Elles racontaient donc
tout ce que leurs juges voulaient entendre.
Vu daujourdhui,
ces aveux nous apparaissent complètement
absurdes, mais à lépoque ces histoires de
diablerie étaient prises au sérieux.
En 1656, à Clerval,
Claudine Bourgeard, malade et âgée de plus de
80 ans, est emprisonnée comme sorcière. Elle
déclare lors de son procès : « Le
diable mest apparu. Cétait comme une
ombre. Il ma demandé de quoi je souffrais,
et si javais besoin dargent. Il a dit
quil me donnerait tout ce que je voulais si
je me donnais à lui
»
Lors de ce même procès, un
paysan de Clerval est appelé à témoigner. Il
déclare au juge : « Jétais
ensorcelé par Claudine Bourgeard. Je voulais me
venger et la frapper. Un jour, je lai
aperçue dans la campagne. Je lai
poursuivie, et au moment où jallais
lattraper, elle a disparu. Puis, elle a
réapparu 500 mètres plus loin. Elle ricanait et
se moquait de moi !
»
En 1618, Catherine Tournier
avoue au juge de Clerval : « Je suis
allée plusieurs fois, avec dautres
personnes, à une source dans la forêt. Là-bas,
les esprits nous ont forcé à taper sur la
surface de leau avec des bâtons blancs. En
même temps, nous devions répéter ces mots
Grêle, tombe sur les bois ! .
Alors il se formait dans lair au dessus de
la source une sorte de vapeur ou de fumée qui
montait vers le ciel, puis qui retombait sous
forme de grêle
»
Une autre sorcière de
Clerval raconte une histoire à dormir debout,
face à ses juges : « Cétait
la nuit, dans une maison que je ne connaissais
pas. De nombreux hommes et femmes dansaient
autour de moi, et je dansais aussi. Javais
limpression de sauter aussi haut que le
plafond. Puis je me suis retrouvée plusieurs
fois sur la place de Clerval, sans savoir
comment, et par où, je sortais de cette
maison
mais ce nétait pas en
marchant
». Les juges ont-ils conclu
de ces paroles que la femme était capable de
voler dans les airs ? En tout cas, ce récit
confus ressemble plus à la relation dun
rêve dune personne normale quà
laveu dune sorcière.
Quelques hommes ont été
aussi condamnés pour sorcellerie. Ce fut le cas
pour Jacques Bourgeard, de Pompierre, en 1598. (Je ne sais sil était parent de
Claudine Bourgeard dont on a parlé ci-dessus).
Il était accusé davoir assisté au sabbat
avec quelques femmes, davoir fait tomber
plusieurs fois la grêle, davoir donné des
maladies et davoir fait mourir des gens et
des animaux. Il fut condamné à être étranglé
et brûlé.
Le sabbat des sorciers
cétait une sorte de fête nocturne, à
lécart des villages, souvent près
dun gouffre ou dune grotte qui
symbolisait lentrée de lEnfer. Les
sorcières et les sorciers sy retrouvaient
pour danser, rencontrer le diable, copuler avec
lui ou entre eux, etc. A Clerval, on disait
autrefois que le sabbat avait lieu à la grotte
de Milopet. Tandis quà Santoche,
cétait plutôt autour des pierres du
dolmen que se réunissaient les sorciers.
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